Témoignage : “Comment et pourquoi j’ai lancé ma marque de sacs de luxe véganes, Colibri”
Aujourd’hui, je vous propose une immersion dans le quotidien d’une créatrice de talent : Mathilde, qui est à l’origine de la sublime marque de luxe végane “Colibri”. J’ai eu le plaisir de rencontrer Mathilde à plusieurs reprises “dans la vraie vie” et de voir son projet prendre forme et sa marque naître. J’adore le fait de pouvoir rencontrer des personnes engagées grâce au blog !
Je vous laisse et vous invite à découvrir l’univers des magnifiques “Colibri Vegan Bags” …
Colibri Vegan Bags
Comment et pourquoi j’ai lancé ma marque de sacs de luxe véganes
Peux-tu te présenter et nous expliquer comment est née la marque Colibri ?
Alors… on est fin décembre 2015. Je m’appelle Mathilde, j’habite Paris, et je viens d’avoir 30 ans. J’ai étudié la biologie et le marketing. J’ai travaillé pour une grande marque de cosmétique et pour l’industrie pharmaceutique. Niveau éthique, on a vu mieux ! Ca ne me convient plus, je n’y trouve plus aucun sens. Crise de la trentaine.
Longtemps, j’ai cru comme beaucoup d’entre nous que le cuir, c’était le must, le top du top de la qualité : naturel, respirant, résistant. Il y a un peu plus d’un an (à l’époque), j’ai entamé une transition vers le végétarisme, puis assez rapidement vers le véganisme. Ainsi, il m’était de plus en plus difficile de porter mes sacs en agneau …
Donc, j’ai commencé à me renseigner sur l’industrie du cuir. Et là, ce fut la débandade : des produits toxiques et cancérigènes, des conditions de travail déplorables, des employés mal payés et surtout mal protégés, la pollution de l’eau, des règlementations environnementales très permissives, les animaux maltraités…
Oui mais alors, si j’arrête le cuir, qu’est-ce que j’achète ?
Deuxième débandade. Point positif, il existe plusieurs marques vegan qui proposent des alternatives intéressantes. Point négatif, ce n’est pas du tout mon style.
Très rapidement, le projet prend forme dans ma tête : je vais faire des sacs.
Des beaux sacs. Des sacs sans souffrance, avec des matières eco-friendly et de qualité. C’est ça que je veux. Alors je me renseigne, je rencontre des gens, on discute, j’apprends. J’ai envie de faire quelque chose de bien, quelque chose dont je puisse être fière. Un projet dont aucune facette ne me ferait rougir.
J’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice, de proposer une alternative aussi clean que possible.
Longtemps, j’ai voulu me faire tatouer un petit Colibri en référence à la légende du colibri, qui m’a été racontée il y a plusieurs années maintenant par ma meilleure amie. La légende traite du « faire sa part » et du fait que chaque acte, même minime, compte. J’adore cette légende, je la trouve géniale et pleine de sens.
Vu que j’étais personnellement concernée par le fait de ne pas trouver de sac haut de gamme – luxe qui corresponde à mes valeurs et à mes attentes (hormis Stella McCartney bien évidemment, mais à Paris on voit des Falabella à chaque coin de rue), j’ai souhaité proposer une alternative à toutes les personnes dans mon cas, pour qu’elles aussi, puissent faire leur part.
On est début 2016. Je quitte mon job et je me lance dans l’aventure !
Peux-tu nous présenter la marque Colibri et ses valeurs ?
Colibri Vegan Bags est une marque française premium proposant une alternative aux adeptes des sacs de luxe qui ne souhaitent plus porter de cuir, ou qui souhaitent simplement acheter de manière plus éco-responsable.
Colibri a pour valeurs principales :
- la transparence : on communique le maximum d’informations sur les provenances et les compositions de tous les matériaux qui composent les sacs, et sur la fabrication
- la qualité : deux années de travail ont été nécessaires pour finaliser le choix des fournisseurs ! Notre but est de proposer des articles de grande qualité pour qu’ils durent dans le temps. Nous ne voulons surtout pas nous ajouter aux milliards de tonnes de déchets qui existent déjà dans le monde…
- le respect de l’environnement : tous nos fournisseurs sont sélectionnés pour leur engagement à travailler de manière propre, même la graphiste qui a travaillé sur le logo ! De plus, nous travaillons uniquement avec des matières premières produites en Europe (Italie et France), jamais plus loin, exception faite des dust-bag en coton qui sont réalisés en Inde, faute de meilleure solution jusqu’à présent (d’ailleurs je suis ouverte à toute suggestion !)
- le respect des personnes : nous ne négocions jamais à la baisse les prix de nos prestataires indépendants. Ce n’est pas en tirant les prix vers le bas et en sous-payant les artisans qui font du travail de qualité que l’on encourage une relation éthique et juste. La qualité et le savoir-faire ont un coût.
En parlant de coût justement … On te reproche souvent le prix élevé des produits. Comment justifies-tu ce prix ?
Effectivement, c’est un sujet qui revient très souvent ! Il est bien évident que ce ne sont pas des produits de mass-market. Nous n’avons pas pour but de concurrencer Zara !
Comme expliqué précédemment, nous avons développé des produits haut de gamme. Nous avons été extrêmement stricts dans le choix des fournisseurs, avec un triptyque qualité – eco-friendy – local parfois très difficile à respecter. Lors du développement, nous n’avons pas souhaité intégrer une contrainte prix pour une raison simple et évidente : la qualité a un prix !
La fabrication de nos sacs se fait en France et entièrement à la main (pas uniquement les finitions), dans un atelier de maroquinerie indépendant, lui-même sous-traitant pour de grandes marques de luxe (non vegan). Il est certes possible de baisser le coût de cette fabrication en choisissant par exemple de fabriquer en usine de manière industrielle, mais la qualité du produit n’est pas du tout la même.
Les productions sont limitées (3 personnes travaillent dans l’atelier de fabrication, ce qui limite naturellement le volume). Elles se font en petites séries, par 10 pièces par modèle et par couleur en général.
Tous les intérieurs de nos sacs, ainsi que les bandes extérieures du sac seau, sont travaillés avec de l’Alcantara, une sorte de « faux daim ». Elle est fabriquée par une entreprise très engagée et qui produit des matières d’une qualité incomparable, mais qui à un coût très élevé.
A ces deux centres de coût principaux, s’ajoutent : le faux-cuir (fabriqué en Italie et détenteur d’un Ecolabel européen), la bijouterie avec notamment les chaines qui sont en laiton, produites en Italie et finies à la main, avec un traitement hypoallergénique et sans palladium – sans nickel ; les fermetures à glissière (des Riri, les meilleures du marché), le packaging (des dust-bag en coton fair-trade)…
Enfin, dernier point, nous faisons également profiter les associations de protection animale de notre chiffre d’affaires, car 1% du CA est reversé. Et si nous pouvons faire mieux, nous le ferons avec grand plaisir.
Pour résumer, nous avons fait le choix de fabriquer de belles pièces de haute qualité et en quantités limitées, et nous assumons ce positionnement.
Nous souhaitons proposer une alternative plus éthique et plus propre aux marques de maroquinerie de luxe classiques, pour une clientèle vegan … ou pas !
Une journée dans ta peau ?
Les journées sont très variées, mais globalement, le matin je réponds aux emails clients et aux messages sur les réseaux sociaux, et je vérifie l’état des livraisons en cours. Je gère personnellement tous les envois, ce qui prend pas mal de temps !
Je regarde aussi les matières alternatives qui sont en train de fortement se développer pour améliorer les productions à venir : demande d’échantillons, fabrication de nouveaux prototypes, différents tests qualité.
Ensuite il y a la préparation des salons, la recherche de distributeurs, la gestion de la comptabilité, etc etc. Cela dépend vraiment des périodes. Bref je ne m’ennuie pas !
Quelles difficultés as-tu rencontrées pour lancer la marque ? Quelles sont-elles aujourd’hui ?
Colibri se positionne sur un marché qui n’existe pas, ou quasiment pas. Il est difficile de trouver sa place car le vegan est encore trop souvent associé à du « pas cher », surtout en France. Souvent, les clients nous comparent aux autres marques de sacs vegan moins chères, mais nous ne travaillons pas du tout de la même manière, nos produits sont différents. L’essentiel de nos ventes pour l’instant est à l’étranger, surtout aux Etats-Unis où le marché est beaucoup plus mature.
Aujourd’hui, je dirais que la difficulté principale reste la distribution physique. Lorsque vous commercialisez des produits de cette qualité et que vous êtes une marque quasi inconnue, il faut que les clients puissent voir et toucher les produits « en vrai ». Les photos sur un site web ne rendent pas forcément justice aux produits. Mais pour être distribués, il faut proposer des tarifs attractifs aux distributeurs, ce qui diminue considérablement notre marge de manœuvre, nos coûts de revient étant très élevés. Les distributeurs physiques aussi ont besoin de gagner de l’argent pour exister. Les grands magasins par exemple nous sont quasiment inaccessibles car cela impliquerait de leur vendre nos produits quasiment à perte, ce qui n’est pas concevable pour nous. Et les petits stores sont très sollicités par de nombreuses marques qui elles aussi cherchent à se faire connaître… ce n’est pas simple !
La presse représente aussi un énorme challenge. Il est très difficile de capter l’attention des journalistes qui sont eux aussi hyper sollicités. La presse est encore aujourd’hui un élément incontournable pour faire connaître sa marque, mais cela demande énormément d’investissement en termes de temps, ce qui n’est pas toujours possible.
Quel est ton plus beau souvenir avec Colibri ?
Je dirais que mon plus beau souvenir, c’est la première fois où une inconnue est venue me voir dans un magasin pour me demander si mon sac était un Colibri, où est-ce que je l’avais acheté, et si elle pouvait le voir !! Elle a fait plein de compliments dessus et j’étais très très fière !
As-tu un conseil pour ceux qui souhaiteraient se lancer ?
La vie est courte et quand on le peut, il faut foncer. J’ai la chance de ne pas être seule, je peux compter sur le soutien de mon conjoint et de mes parents en cas de coup dur. Je sais que ce n’est pas donné à tout le monde.
Je dirais tout de même qu’il faut être polyvalent pour gérer ce genre de projet, pas forcément savoir tout faire dès le départ, ce n’est pas possible, mais au moins avoir l’envie de se renseigner et surtout d’apprendre. Il ne faut pas avoir peur de se tromper. Cela arrive, et c’est aussi comme ça qu’on progresse. Moi-même j’ai fait pas mal d’erreurs pendant ces deux années ! Mais on apprend énormément de ses erreurs.
Il y a encore tellement de belles choses à faire, et tellement de choses à changer dans le mode de consommation d’aujourd’hui ! Il faut avoir le courage de tenter. L’échec est toujours mal perçu dans notre pays et je pense que c’est le principal frein pour beaucoup, mais pourtant il fait partie de la vie. Il ne faut pas en avoir peur, et toujours faire de son mieux… Comme un petit Colibri !
Faites un tour sur le site Colibri ou sur leur compte Instagram pour découvrir leur univers !
Merci beaucoup à Mathilde pour ce témoignage riche !
J’espère qu’il vous aura donné envie d’investir dans un sac colibri … Ou d’investir le marché des sacs véganes ?
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Gaëlle G
8 février 2018 at 11 h 08 minBonjour, ces sacs sont magnifiques. Dommage pas dans mon budget, mais je comprends le prix et il ne me choque pas, c’est le prix d’un sac de luxe avec la qualité qui va avec. Même si je ne suis pas la cliente type, je trouve cette marque magnifique et je suis fan de la démarche. Je souhaite à Mathilde beaucoup de succès, c’est sûre que ce n’est pas évident de s’imposer sur le marché et de se faire connaître. Il faudrait une ambassadrice de choc, une personnalité peut-être qui serait fan de la marque et de son éthique. Bonne chance à elle en tout cas.
sha-ne-no
23 février 2018 at 10 h 04 minMagnifique collection… vraiment tous les modèles sont parfaits, mais faut vraiment économiser avant… même en comprenant et approuvant la démarche le prix est très conséquent et pas à la portée de toutes les bourses hélàs qui voudraient investir dans des matières alternatives… Mais c’est bô !
Anaelle
23 février 2018 at 11 h 26 minC’est sur que c’est très très cher. Je vois ça et je me dit que c’est le prix d’un petit sac Chloé tu vois.
Mais comme dit plus haut je comprend complétement la démarche, et c’est une très belle marque.
Peau Neuve
24 février 2018 at 12 h 53 minCe sac est vraiment magnifique et les valeurs qu’il représente encore plus.
Gala
25 février 2018 at 14 h 16 min❤️❤️❤️