Sexualité ? : vos envies, vos besoins, vos expériences
Il y a quelques temps, j’ai demandé aux personnes qui me suivent sur Instagram de répondre à deux questionnaires, de façon anonyme, sur leur sexualité ! Je ne m’attendais pas à récolter autant de réponses : + de 450 en 24h, merci du fond du coeur.
De mon point de vue, la sexualité, on n’en parle pas, peu, ou jamais comme il faut. Le résultat : des schémas très normés, du jugement, du mal-être, de la frustration, des violences … Alors que ça pourrait être bien différent ! Loin des clichés véhiculés dans le porno mainstream, des films à l’eau de rose cucul la praline qui banalisent la zone grise, j’ai voulu vous montrer, grâce à vos propres témoignages, qu’il n’y a pas une sexualité et pas qu’une façon de faire ! La seule chose à garder en tête et qui est immuable : c’est le consentement. Pour le reste, je vous laisse méditer sur ces chiffres, ces histoires et ces partages … En espérant qu’ils vous rassurent, qu’ils vous aident et qu’ils vous apportent de belles choses !
Pour info : une majorité de personnes se définissant comme femme (97,7% pour l’un et 92,2% pour l’autre) a répondu à ces questionnaires.
Le sexe : ça se passe comment dans la vraie vie ?
Sachez avant tout qu’il y avait deux questionnaires, l’un dans lequel je vous demandais simplement de me raconter votre rapport à la sexualité (vous avez été 71 à y répondre) et le second, dont certaines réponses ont permis de construire cet article (vous avez été 385 à y répondre) !
A quel âge avez-vous couché pour la première fois ?
Que l’on soit un homme ou une femme, “perdre” sa virginité est quelque chose de très important, mais cela n’a pas la même signification pour l’un ou pour l’autre. Alors qu’un homme doit se débarrasser de son pucelage le plus tôt possible pour rentrer dans le game, une femme doit plutôt se préserver et ne pas “se donner” à n’importe qui. Et vous, à quel âge vous avez couché pour la première fois ?
Avez-vous envie de faire l’amour tous les jours ?
On nous bassine en permanence avec des idées préconçues selon lesquelles pour être dans un couple épanoui, il faut faire l’amour souvent, “en moyenne 3 fois par semaine”. Et si la réalité était toute autre ? Et si en fait on pouvait avoir envie tous les jours pendant une semaine et plus rien pendant 2 ? Et si on pouvait ne jamais avoir envie du tout ? Et si on arrêtait de se mettre la pression avec ça ? Je vous laisse voir avec les chiffres ci-dessous et vous rassurer. Non, vous n’êtes pas frigide si vous n’avez pas envie de faire l’amour tous les jours.
A quelle fréquence avez-vous envie de faire l’amour ?
- 1 fois par semaine
- 3-4 fois par semaine
- 2 fois par semaine
- 3 fois par semaine
- Plusieurs fois par jour
- Tous les deux jours
- Tous les jours
- 1 fois par mois
- Tous les 3 jours environ
- 2 fois par mois
- De temps en temps
- Presque tous les jours, à l’exception de certains jours du cycle où je n’en ressens pas l’envie (au début de mes règles généralement)
- Parfois plusieurs fois par jour, et parfois pas pendant 4 jours
- 3 par mois
- Ca dépend de l’humeur, la fatigue …
- 1 fois par semaine ou moins
- Pas très souvent ces derniers temps …
- Pas souvent
- Ça dépend ça peut être tout les 4-5 jours ou bien tout les jours, c’est par vagues
- En couple : 2 fois par semaine, célibataire l’envie vient 1 fois par mois
- Une fois toutes les deux semaines
- Ça dépend si je suis fatiguée disons 1 fois par semaine sinon plus
- Ça dépend mais c’est 1 à 2 fois par mois
- Ça dépend vraiment mais j’ai remarqué avoir plus de libido en période d’ovulation.
- Tous les deux jours environ
- Une fois par mois
- Ça fluctue en fonction de la fatigue et du stress en général…
- Quand j’en ressens l’envie, ce qui peut être très variable, en fonction de mon partenaire
- Ca dépend du cycle… de 0 à 3/4 fois par semaine
- Jamais
- Souvent mais pas la semaine précédent les règles
- Depuis l’arrêt de la pilule, la fréquence augmente doucement, je dirais 3 fois par semaine en ce moment
- Toutes les 1 à 2 semaines
- Quasiment tous les jours. J’ai juste une légère perte de libido pendant 1 ou 2 jours après mes régles
- 6 fois par mois
- Une fois par semaine, parfois moins …
- Tous les jours quand je suis avec mon partenaire
- Rarement, disons une fois tous les trois mois
- Toutes les 2 semaines environ
Il n’y a pas de “règle” en termes de libido : ça dépend de vous et de vous seul.e ! Ça varie, c’est fluctuant, c’est vivant ! Pour les femmes, il faut prendre en compte notre cycle menstruel et nos hormones, qui jouent un énorme rôle là dedans (on reviendra dessus plus tard, ne vous en faites pas !). Arrêtez de vous mettre la pression, si vous n’avez pas le même rythme que votre partenaire, vous n’êtes pas frigide ou trop en demande. Il faut simplement apprendre à s’écouter et à respecter les besoins de l’autre … Ce qui nous amène à une question primordiale …
Vous êtes-vous déjà forcé.e à faire l’amour pour faire plaisir à votre partenaire ?
On confond souvent les mots “céder” et “consentir”. Et pourtant … Céder n’a jamais été et ne sera JAMAIS consentir. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous invite à lire mon article sur le consentement. En attendant, voici quelques-uns de vos ressentis après avoir cédé …
- J’ai l’impression qu’on a violé mon intimité
- Très mal, je me suis sentie sale les fois où c’est arrivé
- Écœurée
- Frustration/dégoût de ne pas m’être écoutée
- Soulagée que ce soit fini
- Plutôt bien même si parfois déprimé
- Coupable
- Vide
- Je suis heureuse
- Je suis contente de lui avoir fait plaisir
- Tristesse
- Je ne me force que très peu, l’envie vient vite … Du coup je ne sais pas si on peut utiliser le mot “forcée”
- Bien, car elle était heureuse
- Mal, j’ai l’impression d’avoir menti a la relation qu’on a et à ce que je suis
- Mal, avec du recul maintenant je me suis rendue compte que ce n’est pas du tout normal, ça n’arrivera plus
- Avant je n’y pensais même pas et maintenant que la cause féminine me parle davantage je me pose des questions
- Je me sentais sale et je tachais d’oublier …
- Les seules fois où je n’avais pas envie de base, l’envie est venue pendant
- Sensation de vide
- Honte
- Je n’ai jamais vécu ça mal même si je m’efforce aujourd’hui à le faire de moins en moins et à plus m’écouter
- Pas spécialement mal
- Mal, sentiment de culpabilité
- Je culpabilise de lui avoir menti et de ne pas simplement lui avoir dit que je n’avais pas envie
- Sentiment de culpabilité, je me sentais mal car je n’en avais pas envie, c’est comme si je me “trahissais” moi même
- Nul, honteuse, pas satisfaite
- J’y prends finalement du plaisir
- Pas forcément bien, je me demande pourquoi j’ai fait ça si je n’en avais pas envie. Parfois je stoppe tout aux préliminaire parce que je ne “peux pas” et je m’excuse … Mais j’ai si peu souvent envie par rapport à lui …
- Pas très bien, j’ai un peu honte … mais je suis soulagée que “ce soit fait”
- « Le devoir accompli »
- Finalement à chaque fois c’est bien et je suis contente … souvent c’est la flemme qui fait que je n’ai pas envie
- Je me dis que je devrais me laisser tenter plus souvent
- Pas très bien
- Pas mal mais pas fière d’avoir été malhonnête
- Pas en accord avec moi même
- Avec mon partenaire actuel je ne regrette jamais de me “forcer”. Ça n’a pas toujours été le cas avec d’autres
- Généralement c’est juste trouver l’énergie au début qui est difficile, une fois que c’est parti c’est chouette hein
- Mal à l’aise
- Paisible, heureuse, apaisée
- Contente de l’avoir fait
- Je suis contente que ce soit fini. J’ai l’impression d’avoir perdu du temps et également d’être malhonnête. Mais en étant sincère je ferais fuir n’importe qui.
Si certaines personnes le vivent “bien”, c’est loin d’être une généralité, bien au contraire. Le sexe ne devrait pas déclencher autant de sentiments de honte, de culpabilité et de mal-être, c’est censé être un moment de PLAISIR avant tout. Faites très attention à vos ressentis, écoutez-vous, ne prenez pas le risque d’être mal. Vous êtes la seule personne à qui vous devez quelque chose et d’ailleurs, le sexe n’est pas un du, pour qui que ce soit. Le viriarcat nous a appris que le sexe était quelque chose que l’on devait aux hommes. C’est ancré en nous : autant chez les femmes que chez les hommes et c’est très long et difficile à déconstruire.
Comment on gère un.e conjoint.e trop insistant.e ? On dis-cu-te ! Mais il faut déjà être en phase avec soi-même : sinon il sera compliqué d’avoir un échange constructif. Votre partenaire ne peut pas savoir à votre place ce qui est bon pour vous, alors commencez par vous interroger. Et ensuite, il faut remettre les pendules à l’heure, avec soi-même et avec l’autre : comme je le disais plus haut, le sexe n’est pas un du. On apprend aux hommes qu’ils doivent toujours avoir envie : pourtant ce ne sont pas des pulsions mais bien des constructions sociales. Et pas de panique si on ne peut pas faire l’amour, jusqu’à preuve du contraire, des boules, ça n’explose pas ! Et puis les hommes doivent eux aussi se recentrer et se poser la question de leurs propres envies : ont-il réellement envie ou le font-ils “machinalement”, parce que c’est comme ça ? C’est une vraie question. Il y a TELLEMENT de choses qui expliquent toutes ces constructions sociales autour de la libido (ça fera aussi l’objet d’un article, don’t worry), mais le plus important, c’est que qui que vous soyez, homme, femme, tout le monde est logé à la même enseigne : ne vous laissez pas exiger du sexe et n’en exigez pas des autres.
Pour gérer des envies différentes, des “rythmes” différents, il y a plein de façons de faire et l’écoute est la première solution. Lorsque l’on comprend enfin (et que l’on accepte) que l’autre n’a simplement pas les mêmes envies que nous, on fait déjà un grand pas en avant. Ensuite on peut mettre en place des solutions et aussi, apprendre à se débrouiller tout.e seul.e, ce n’est pas forcément moins marrant, il y a là aussi des terrains de jeux à explorer (sextoys et pornos éthiques). Et ça permet d’apprendre à se connaître (ce qui est encore compliqué pour une bonne partie des femmes aujourd’hui) ou à se redécouvrir (les hommes ont une sexualité très conditionnée par les pornos qui ne définissent pourtant pas leurs besoins réels).
N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul.e, ne vous culpabilisez pas, prenez soin de vous, vous êtes comme vous êtes et c’est le plus important ❤️
J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, témoigner et/ou partager vos ressentis en commentaire !
♥ Pour me suivre au quotidien, abonnez-vous à mon compte Instagram ♥
Pêche & Églantine
14 février 2019 at 17 h 36 minUn article si fort en sens, en honnêteté et en prise de conscience que je ne trouve pas vraiment les mots pour te remercier et remercier toutes ces personnes qui nous prouvent que NON, “coucher” n’est pas une obligation et qu’il y a une grande différence entre faire l’amour AVEC plaisir et se forcer à céder pour FAIRE plaisir !
Alors encore une fois, merci et bravo ♥
Pêche
https://pecheneglantine.fr
Cléa
14 février 2019 at 17 h 43 minAlors ton article m’a mis une de ces pêches, tu n’imagines pas ! C’est le genre de sujet sur lequel je suis heureuse de te voir t’exprimer et j’adore toujours autant te lire.
MERCI d’avoir pris le temps de recueillir des informations pour montrer que oui, la sexualité est changeante, que oui, tout le monde la vit différement et que oui le consentement est l’une des choses les plus importantes qui soit <3
Suny
15 février 2019 at 19 h 56 minMerci infiniment pour cet article. Il remet tellement de choses à la bonne place, et ce en toute simplicité et en toute bienveillance !
Encore merci <3
Agnès
16 février 2019 at 8 h 10 minJ’essaie en général de m’écouter. Mais qu’est-ce que ça fait du bien de lire ce genre d’article. Merci ! Passe une bonne journée.
Manon Woodstock
18 mars 2019 at 10 h 18 minQuel travail !! Merci beaucoup pour cet article et pour les constats extrêmement importants que transmet ce questionnaire. On devrait le diffuser dans tous les cours d’éducation sexuelle !
marion polka
5 mai 2019 at 22 h 23 minAlors là… je papillonne sur votre blog, buvant chaque articles et c’est fou à quel point j’ai l’impression de me redécouvrir. C’est fou, je me remets en question, je réfléchis à mes goûts, à ce que je veux et ce que je ne veux plus. J’ai une meilleure idée de qui je suis, de la sexualité que je veux. Avec les témoignages (certains faisant écho à ce que j’ai pu vivre ou ressentir) j’ai l’impression d’être moins bizarre. Ça fait du bien de pouvoir parler de sexualité alors que c’est tellement tabou et si facile à être jugé… Merci vraiment pour ce que vous partagez.