Culture, souffrance et tradition
Le foie gras c’est délicieux … La fourrure c’est beau et qu’est-ce que c’est doux … La chasse, c’est un plaisir sans égal … Autant de justifications, d’excuses et de pseudo-arguments au sujet de la culture française qui me dérangent. Je ne comprendrai jamais comment on peut être fier d’exploiter et de torturer.
Je suis franc-comtoise et notre fierté à nous, c’est le comté, la cancoillotte, de manger des raclettes et des fondues, de la saucisse de morceau, de la charcuterie … Autant de choses auxquelles je n’accorde aucune importance et dont j’ai carrément “honte”. Quand on sait toute la souffrance qui se cache derrière la production laitière, la viande, la chasse, je ne comprends pas comment on peut la cautionner et pire, l’encenser.
@Torro
C’est beau, c’est bon et puis c’est la tradition
On invoque bien souvent la tradition et la culture pour expliquer certaines atrocités : “La corrida ? Oui mais tu comprends, c’est la tradition …”, “La chasse ? Ah oui mais ça fait des années que c’est comme ça”. Soit. Cependant, l’excision est une pratique qui existe encore dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Pour autant, on n’estime pas que cette tradition soit juste, on la trouve même infâme.
La tradition a bon dos. On l’invoque quand ça nous arrange ou quand ça ne nous dérange pas.
Ce qui me gêne aussi, c’est ce que l’on justifie au nom d’une certaine culture et de la tradition. Peu importe que des oies souffrent, le foie gras c’est le savoir-faire à la française. C’est sûr qu’en France, la souffrance ça nous connait. On se cache derrière un pseudo-aspect culturel pour justifier des actes innomables. La corrida, c’est bien, c’est fédérateur, on passe un bon moment … Et ça, ça vaut quand même bien qu’un taureau se fasse torturer sous nos yeux. Le plus risible dans tout ça, c’est que la corrida n’est pas une tradition. En effet, dans certaines régions cette pratique n’a que 10 ans !
On a banalisé trop de choses. On s’accommode de beaucoup trop de contradictions. On ne remet pas assez les choses en question. On est tous outrés par Farid de la Morlette qui explose un chaton contre un mur, mais ça ne nous dérange pas qu’un taureau subisse les pires atrocités de la part d’une danseuse ridicule, puisque l’on s’amuse. C’est sur que l’on ne retire rien de positif de l’acte de Farid, on ne va pas manger ni porter la peau du chaton. Ici, ce n’est donc pas de la tradition mais bien de la torture. En revanche, lorsque l’on a un manteau de fourrure entre les mains, lorsque l’on est dans les tribunes d’une corrida … Ca prend une toute autre dimension pour une raison qui m’échappe. C’est comme si la cruauté n’avait jamais existé …
On estime bien souvent que “l’on est civilisé”, contrairement à ceux qui mangent du chien ou du chat voire même ceux qui pratiquent des sacrifices humains. Pourtant, tout ce que l’on fait, c’est sélectionner. On sélectionne ce qui vaut le coup ou non. On cache la souffrance derrière de jolis mots tels que “corrida” ou on s’accomode d’un vulgaire “foie-gras”, on emballe tout ça dans un joli paquet cadeau qu’est la culture et on prétend être civilisé. Être civilisé ne veut absolument rien dire. Quand on aura compris que la souffrance ne se justifie à aucun niveau, quand on arrêtera de confondre culture avec torture, on pourra dire que notre société a du bon.
C’est la loi qui le dit
En même temps, la loi ne nous est pas d’une grande aide pour mettre de l’ordre dans tout ça ! Elle nous embrouille carrément :
L’article 521-1 du code pénal énonce ceci :
“Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende. […]”
Mais aussi cela :
“Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie”.
Il est interdit de torturer et de tuer sauf si c’est une tradition. On retrouve les termes “actes de cruauté”, “peine de prison” et “sauf si c’est une tradition” dans le même texte de loi. On reconnait ouvertement que la corrida et les combats de coqs présentent des actes de cruauté, mais on les justifie au nom de la tradition. Je trouve ça affligeant.
Loi et justice sont deux concepts finalement bien distincts.
Je comprends que l’on ne pense pas comme moi. J’ai désormais poussé ma réflexion à un point tel que je ne porterai ou mangerai plus jamais quoique ce soit qui ait pu faire souffrir un animal. Et je sais que tout le monde n’est pas encore prêt à nous suivre, nous les vegan. C’est trop frais, trop récent et ça prend du temps. Cependant, on peut faire des petits pas en avant, comme arrêter d’acheter de la fourrure, qu’il s’agisse d’un petit col en lapin ou en raton-laveur sur un merveilleux manteau ou d’une chapka. On peut aussi éviter de manger du foie-gras, même si c’est terriblement bon. Et on arrête de cautionner la corrida, la chasse, les delphinariums et autres loisirs tueurs, au nom de l’amusement collectif.
Selon moi, rien ne justifie la violence et la souffrance, absolument RIEN.
Et vous, que pensez-vous des traditions et de la souffrance qu’elles engendrent ?
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Mélanie
25 mars 2015 at 21 h 19 minFace à toutes ces traditions, face à ces différentes pratiques cruelles, face à la souffrance des animaux, on se rend compte qu’un grand nombre d’êtres humains n’ont aucune compassion pour les animaux, ces êtres humains ne considéreront jamais les animaux comme des êtres sensibles, ils les voient simplement comme des objets. Il n’y a alors aucune prise de conscience et aucun changement de la perception des animaux.
Il existe cependant, et je l’espère une minorité qui change d’avis, qui ouvre les yeux et qui se préoccupe enfin de la cause animale.
Il m’arrive encore de me demander pourquoi je n’ai pas réalisé beaucoup plus tôt que consommer de la viande, porter de la fourrure etc… n’engendraient que de la souffrance.
Pour ce qui est des autres qui continuent de consommer de la viande, qui chassent, .. libre à eux de prendre ou non en compte la souffrance des animaux, libre à eux d’être insensibles face à toute cette cruauté.
Un très bel article, très bien écrit, à lire et à relire 🙂
Je t’embrasse,
Mélanie
Clémentine
26 mars 2015 at 7 h 46 minJe ne peux que dire que je partage ces tristes réflexions sur la souffrance animale au nom de bien des excuses. Tu as raison de l’évoquer et un peu de lecture fait toujours du bien (enfin, ça dépend des lectures…).
Ne pas oublier non plus tous ces cosmétiques testés sur les animaux, ça rassure le consommateur de lire que tel ou tel produit a été testé mais il oublie que ces tests ont provoqué de grandes souffrances.
Je suis comme toi, je ne comprends pas la corrida, la chasse, la fourrure…mais il est vrai que par “tradition”, tout cela existe.Je me souviens avoir cherché les projets des différents politiques au moment des élections au sujet du bien-être animal, et avoir constaté que rien n’était prévu pour faire évoluer les “traditions”.
Le chemin sera long, même si au niveau international, ça avance doucement.
Joli post qui fait du bien (j’ai retrouvé un bébé lapin bélier que je connais, trop mignon)
Sinnfael
26 mars 2015 at 10 h 13 minBOnjour Gala. Je suis arrivée sur ton blog tout récemment, et je l’aime beaucoup parce qu’il est en plein dans ma réflexion actuelle : comment mettre en adéquation mes valeurs et mon comportement. Ce n’est pas un chemin facile, je me sens un peu comme Néo dans Matrix : une fois la conscience éveillée, il faut mettre en pratique ses aspirations et beaucoup d’obstacles surgissent. Que ce soit soi-même, la famille, l’entourage, le travail, les élus, la loi, les autres, la planète entière 🙂
Je fais déjà le pas de devenir végétarienne, doucement mais sûrement. Je passe pour une illuminée dans le coin où j’habite (un indice : tu y retrouve tous les travers que tu as cité : chasse, corrida, foie gras et tradition. ) mais petit à petit, je me retrouve dans mes valeurs et j’en suis fière !
Merci beaucoup de faire partager tout ça, l’éveil des consciences a commencé. Qu’on se le dise !! 😉
Olivia
26 mars 2015 at 14 h 45 minCoucou Gala 🙂
Je partage bien entendu ton avis sur le sujet et comme tu le dis, le veganisme étant tout récent, il faut laisser le temps de s’adapter et de comprendre le pourquoi du comment. Le nombre de fois où comme toi j’ai vu des petites mamies promener leurs chiens tout en étant vêtues de manteaux de fourrure, je ne les compte plus. Je crois que cela vient d’avantage du fait de ne pas vouloir savoir. On sait que c’est horrible mais on a pas envie de tergiverser et de se renseigner par peur d’être mis face à nos contradictions. Mais le fait même de se renseigner je trouve que c’est faire un pas dans ce sens et déjà un super progrès ;). Mais je crois malgré tout qu’il y a un réveil des consciences. Je suis étudiante en droit et on traite de plus en plus du sort des animaux au niveau juridique, de l’intervention des associations et des groupes de défense et de protection aussi bien animale qu’environnementale. Tu parles du comté, je suis auvergnate et ici c’est pareil… Surtout qu’on a plein de fromage différents plus la truffade et tout ça donc je te laisse imaginer la réaction quand tu dis que tu ne manges pas de fromage. La tradition permet de justifier beaucoup de choses mais elle est vite remplacé par la morale. Preuve en est de l’abolition de l’esclavage, les droits des femmes. Je pense que les choses vont être amenées à changer progressivement surtout avec le bon côté d’internet qui permet d’être averti de la réalité des choses ce qui ne permet pas de justifier les actes des gens par le fait qu’ils ne savaient pas.
Encore merci pour tes articles 😉
Bises
Peanuts&Sunshine
26 mars 2015 at 21 h 25 minTon article est très bien écrit, je trouve ! Le foie gras … LOL … rien que le nom me donne la g**be.
Au passage, le foie gras n’est pas sain du tout, c’est un foie malade (en plus d’être animal, on mange quelque chose qui est malade). Je suis heureuse d’avoir ouvert les yeux, même à mon niveau.
nanuchu
27 mars 2015 at 14 h 48 minet la pèche alors? j’ai jamais aimé tuer les poissons…
kat
28 mars 2015 at 18 h 01 minBonjour Gala, Je suis complétement d’accord avec ton article, j’en ai un peu marre de tout faire passer sous pretexte des traditions françaises…Mon chéri a fait ses études à Toulouse et c’est le piiiire le Sud Ouest quand tu es végé ou végan !!!! Entre le foie gras, le canard et pas très loin la corrida…Perso je suis végé avec de plus en plus des tendances végan mais je trouve que ce mode de vie, car c’en est un et pas juste une façon de se nourrir, est mieux accepté qu’il y a 5 ou 10 ans. Bon weekend et merci pour ton blog !
Victoria
10 mai 2015 at 18 h 26 minJe pense exactement pareil que toi mais malheureusement, j’ai 18 ans et vis donc encore chère ma mère. Elle ne veut pas que je sois végétarienne