Gala's blog | Féminisme : il n’y a pas de petit combat #JeremyGate
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Féminisme : il n’y a pas de petit combat #JeremyGate

La semaine dernière, vous avez peut-être suivi le “JeremyGate” sur Instagram. Jeremy (qui était pour ma part, un mec inconnu au bataillon), a publié des stories ayant déclenché la colère des militantes féministes (dont la mienne), en se targuant d’être … Roulements de tambour … Anti-féministe. Si son discours n’avait rien d’original – on a déjà entendu ces faux-arguments des centaines de fois – j’ai quand même eu envie de traiter l’un des aspects de ces multiples attaques faites aux femmes. A savoir que selon lui, ça ne sert à rien de montrer ses poils ou de parler de ses règles et que ça ne sert pas notre cause, à nous les femmes.

Je ne vais pas revenir sur le fait que 1. on ne lui a pas demandé son avis, 2. il n’a pas à nous dire ce qu’on doit faire, 3. il ne sait absolument pas de quoi il parle. Il a parfaitement illustré ce que l’on cherche à dénoncer dans les comportements sexistes, les deux pieds dedans mon petit Jerem’ ! Bref, j’aimerais plutôt revenir sur cette idée qu’il y aurait des combats qui sont plus importants que d’autres. C’est une idée que je ne partage absolument pas mais qui est pourtant largement véhiculée, puisque c’est loin d’être la première fois que je l’entends ou la lis.

 

Derrière un petit combat, se cache une grande cause

 

Derrière ce qui semble être un “petit combat”, se cache bien souvent une très grande cause. Je vais prendre quelques exemples qui reviennent souvent à mes oreilles pour expliquer mes propos. Et je vais même commencer par ceux avancés par Jeremy. Parler des règles et de ses poils, ce n’est pas important selon lui (il a même ajouté que c’était intime et qu’il fallait le garder pour soi). Il y a, toujours selon lui, des combats bien plus grands* (qu’il n’a pas mentionnés par ailleurs).

*Les stories qu’il a publiées ont été supprimées.

 

Les menstruations, le sang méconnu

 

Parler des menstruations et libérer la parole sur ce que vit la moitié de la population tous les mois est d’une importance capitale pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, parce que les personnes menstruées ne sont pas suffisamment au fait de ce phénomène naturel et que cela entraîne beaucoup d’incompréhensions : lorsque j’ai réalisé un appel à témoignages il y a quelques mois pour que vous me racontiez vos premières règles, vous avez très nombreux.ses à me dire que vous aviez eu honte, que vous pensiez même être malades, gravement malades quand vous avez vu du sang dans vos culottes. Vous trouvez ça normal que des enfants traversent et subissent un tel choc tout simplement parce que c’est tabou ?

Plus on parle de menstruations, plus on est amené.e.s à parler des protections périodiques. Pendant des années, en tant que personne menstruée, j’ai utilisé des protections qui étaient dangereuses. Notamment, j’ai entendu parler du syndrome du choc toxique il y a seulement 5 ans. Ca fait quand même plus de 10 ans à porter, tous les mois, des tampons, sans savoir que cela pouvait causer du tort à ma santé. Et donc, depuis 5 ans, je fais des choix en conscience et en connaissance de cause.

Les menstruations peuvent être accompagnées de douleurs qui sont largement méconnues et donc banalisées par le corps médical et par la société de manière générale. Sauf que non, les douleurs ne sont pas normales. Certaines personnes menstruées souffrent même d’endométriose, une maladie dont on entend de + en + parler ces dernières années parce que … Les militantes féministes ont fait un taff de sensibilisation de dingue à propos des douleurs menstruelles et ont permis de libérer la parole. Plus on en parlera, plus il y aura de chances de trouver des traitements pour soulager les personnes qui souffrent tous les mois.

Par ailleurs, de nombreuses personnes menstruées sont touchées par la précarité menstruelle, qui est un véritable fléau. J’ai rédigé un article entier à ce sujet si vous souhaitez le consulter.

 

Les poils, un tabou au féminin

 

Parler d’épilation, poster des photos de soi en revendiquant ses poils sous les bras ou sur les jambes ne semble pas important ? Et pourtant, cela participe largement à l’émancipation de la femme et ça me semble donc indispensable. Au delà des complexes terribles dont on peut souffrir à cause de ses poils, de l’hypocrisie et de l’injustice de n’avoir dans le collimateur que les poils féminins (les poils masculins sont synonymes de virilité alors que les poils féminins sont assimilés à un manque d’hygiène), il y a quand même une dimension “santé” non négligeable. En effet, non seulement les poils sont essentiels pour assurer la protection de notre corps contre certaines bactéries ou infections, mais en plus, l’épilation peut représenter un certain danger, dont je parle justement dans cet article.

 

L’écriture inclusive, Mademoiselle !

 

Si vous ne savez pas ce qu’est l’écriture inclusive, je vous invite à vous renseigner sur le sujet mais pour vous donner un exemple, il s’agit d’écrire de façon à inclure le genre féminin :

  • ils sont allés / iels sont allé.e.s
  • des auteurs / des auteur.ice.s

 

J’ai souvent entendu dire qu’on s’en foutait un peu, de parler et écrire de façon inclusive, que ça ne servait à rien ou encore que c’était ridicule de se battre pour ne plus avoir à faire de distinction “Madame” / “Mademoiselle” … Et pourtant ! L’écriture inclusive est selon moi essentielle au combat féministe parce qu’elle permet de donner de la visibilité aux femmes et même au genre de manière générale (trans, non binaire …). Par ailleurs, la double civilité Madame ou Mademoiselle permet de donner des informations importantes sur le statut d’une “femme” et de la cantonner à son rôle d’épouse. Ne plus avoir à s’identifier de la sorte, au regard de la société, est donc une avancée majeure pour lutter contre le sexisme ordinaire.

Et puisqu’on en est à parler de notre langage, j’aimerais souligner à quel point il est important. Et surtout à quel point, il est représentatif des inégalités et des discriminations sexistes. Prenons pour commencer les noms de professions : auteur, docteur, maire … Les versions féminines sont complètement sorties de notre vocabulaire (bien qu’elles soient remises au goût du jour depuis quelques années). Il est important d’utiliser leurs versions au féminin afin de, comme je le disais plus haut, donner de la visibilité au genre féminin : doctoresse, autrice, mairesse …

 

Le No Bra, lâchez-nous les boobs

 

Parler de no bra, je le fais régulièrement et c’est un sujet très important pour moi parce qu’il joue sur plusieurs tableaux. C’est avant tout une question de santé et de confort que de ne pas porter de soutien-gorge. Mais surtout, ça permet de s’émanciper de l’hypersexualisation de la poitrine féminine. En effet, si comme ça, parler du fait de ne plus porter de soutif parait anodin, le sujet soulève pourtant des problématiques rencontrées par de nombreuses femmes. Cette hypersexualisation est très dangereuse car elle participe notamment à la culture du viol, mais aussi, elle empêche les femmes allaitantes de nourrir leur(s) enfant(s) tranquillement dans les lieux publics.

 

Le cas des agressions sexuelles et des violences faites aux femmes

 

Vous allez me dire “mais non, personne ne dit que ce n’est pas important” quand on commence à parler des violences faites aux femmes. Et pourtant ! Même s’il est rare qu’on le dise frontalement (encore que, ça arrive), c’est un peu plus fourbe que ça. On va prétexter qu’il faut aussi parler des violences faites aux hommes, pour détourner le sujet. On va largement dédramatiser la situation, ou alors carrément la retourner (“oui mais elle avait bu”, “oui mais elle portait une jupe”, “oui mais elle n’avait qu’à partir”), de sorte que la victime se retrouvera accablée, alors que son agresseur sera déresponsabilisé. Et c’est un comportement extrêmement grave selon moi, car il tend à banaliser les violences et donc à les invisibiliser, et pourquoi pas à les encourager.

 

Je pense que vous avez compris l’idée, essayez, ça fonctionne pour à peu près tout. Si de prime abord, vous pensez qu’un sujet n’est pas important, essayez donc de prendre du recul. Et le plus important dans tout ça, c’est que tout se recoupe, culture du viol, sexisme ordinaire, hypersexualisation et objectivation du corps des femmes, violences conjugales, agressions sexuelles, visibilité au féminin, sororité … Il faut penser “global” !

 

Et dans tous les cas, s’il s’agit “simplement” (avec de gros guillemets), de gagner en confort, n’est-ce pas important ?

 

Nous avons besoin de tous les combats, de tous les types de militantisme

 

Le sexisme est insidieux, il se cache partout, dans tous les recoins de notre société et de notre quotidien. Pour le déconstruire, nous avons donc besoin de toutes les armes, de tous les combats. Tous les types de militantisme sont importants pour parler au plus grand nombre, et selon moi, une cause en sert une autre. C’est dans la diversité, la visibilité et dans la libération de la parole que nous trouvons notre force. Alors parlez, exprimez-vous sur le ton qui vous semble le plus juste et prenez de la place s’il vous plait.

 

1 Comment
  • Sarah

    26 avril 2020 at 21 h 27 min Répondre

    Merci pour cet article ! Effectivement, on entend trop souvent qu’on ne se bat pas pour la grande cause ou que les poils “ça donne pas envie d’être féministe” !

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